OCTOBRE ROSE, PENSEZ-Y

C’était au mois de février. Elle avait  reçu sa convocation pour la mammographie de contrôle depuis quelques mois déjà,  mais, prise dans le tourbillon des derniers mois, elle l’avait remise à plus tard. 

La mammographie est une épreuve difficile à vivre pour toutes les femmes. Passer cette radio est une démarche glaciale et déshumanisante. On se met à nu, au propre et au figuré.

Dans la salle d’attente, on essaie de ne pas laisser paraître son angoisse. On se précipite sur la table basse au milieu de la salle d’attente pour trouver le magazine qui va vous donner une contenance et vous aider à paraitre naturelle.

Avez-vous déjà remarqué le genre des magazines proposés par les centres d’imagerie ou les médecins ? Le plus souvent, ce sont des magazines économiques et financiers de l’année écoulée. Comme si les patients installés dans ces salles d’attente, l’angoisse au ventre, la vessie pleine, parfois, et souvent le cœur en vrille, n’attendaient que ce moment  pour se renseigner sur l’évolution du CAC 40 ou les stratégies politiques de Sarkozy ou de Hollande.

Ne pourrait-on pas un jour réfléchir sérieusement, à la misère morale qui traîne dans ces salles d’attente ? Ne pourrait-on pas se mettre à la place de ces pauvres malades potentiels qui ne demandent qu’à oublier un peu le monde dans lequel ils vont mettre les pieds ? Offrez-leur des Voici, des Closer, des Paris Match, des Point de Vue, bref, des magazines où on n’apprend rien et où on oublie tout, l’espace d’un instant. Cela serait non seulement un vrai cadeau, mais une vraie marque de compassion pour les patients, une main tendue dans cet univers froid et aseptisé.

Depuis l’âge de trente ans, passer une mammographie était une épreuve pénible  pour elle. Ses seins, volumineux, sont « denses », disent les professionnels de santé. Denses, c’est-à dire pleins de mastoses qu’il faut toujours identifier et dédouaner.

Mais cette fois-ci,  allez savoir pourquoi, elle s’était   rendue à cet examen sans angoisse, avec sérénité et certitude. C’est probablement cela que l’on appelle « l’ironie du sort ».

Les premiers clichés sont conviviaux et joyeux. La manipulatrice est agréable. Et puis, une deuxième série et une troisième, ciblées sur le sein droit, lui font perdre le sourire et font place à l’angoisse, au cœur qui bat dans la tête et dans le ventre.

L’échographie. Le silence. Un médecin tendu et absorbé. Froid et  distant. Il manie son appareil avec précision, en appuyant sur certains endroits du sein, y revenant, encore et encore.

L’examen dure une éternité. Enfin, il s’assoit et la regarde, un peu embarrassé.

Octobre rose, un cancer et après? c’est le livre que cette nouvelle, publiée sur ce blog en 2019, a inspirée. A travers lui, j’ai voulu montrer que si l’on s’en sort, il faut profiter de la vie et en profiter pour réaliser ses rêves, même les plus fous. Moi, mon rêve c’était de voyager et d’écrire. Mission accomplie, donc!

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Chantal cadoret

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