OCTOBRE ROSE 2022

Il y a trois ans, je publiais ma nouvelle Octobre Rose sur ce blog.

Il s’agissait d’un texte écrit à la fin de mes traitements du cancer du sein. J’avais besoin de crier ma peur lors de cette descente aux enfers. J’avais besoin d’évacuer ma colère devant cette injustice qui frappe, hélas, de très nombreuses femmes.

Dans ce texte, j’évoquais l’annonce. Ce moment où on passe de la personne saine à celle qui va potentiellement mourir. Ce moment où les mots se vident de leur sens. Ce moment où l’esprit se ferme pour ne pas entendre l’indicible. Non, ce n’est pas pour moi. Les autres oui, mais pas moi.

Aucun mot, aucun geste ne sont capables d’adoucir cette terrible réalité. Vous avez un cancer. Que dire d’autre quand le temps est compté?

Voilà. C’était, il y a sept ans et j’ignorais, alors, ce que la vie allait me réserver. Pendant les quatre ans qui ont suivi, je n’ai plus voulu entendre parler de cancer et je me disais que ce mois d’Octobre était bien inutile.

A quoi bon tant parler de ce cancer?

Déni. Rejet.

Cela ne me concerne pas. je veux redevenir comme avant, je veux tourner la page.

Et puis, il y a eu Octobre 2019. D’un clic, j’ai libéré mon texte pour qu’il me libère à son tour. Et le déclic, enfin. Grand Prix du Public chez Short Édition, plus de 4000 lectures. Mes mots étaient capables d’apaiser les maux de ceux qui souffrent, des accompagnants, des médecins ou des infirmières. Leurs messages m’ont donné le sourire et ont changé ma vie.

Aujourd’hui, lorsque je présente mon livre Octobre rose, et après? je rencontre des femmes qui ont vécu la même expérience. Le cancer, ce n’est pas une angine ou un bras cassé. Le cancer, c’est une maladie mortelle dont on ne sort pas indemne et dont on ne se débarrasse jamais. On doit vivre avec, diminuée toujours, mutilée, souvent, mais tellement plus forte et plus déterminée.

Parce que le cancer remet les pendules à l’heure, le tic tac permanent au-dessus de nos têtes nous rappelle que la priorité c’est de vivre, de vivre vite et de vivre intensément, en laissant de côté les détails qui fâchent, ne retenant que le meilleur.

J’ai mis quatre années avant de comprendre à quel point il était important d’en parler.

Mesdames, ne négligez pas votre corps, ne niez pas les symptômes. Ce n’est pas en fermant les yeux que l’on sort victorieux de cette bataille. Vous pouvez oublier une grosseur, vous pouvez minimiser une douleur mais le cancer, lui, ne vous loupera pas. Au moindre doute, n’hésitez pas à consulter, à vérifier. Le cancer du sein se soigne bien, à condition de ne pas passer à côté.

Oui, c’est un traumatisme important de perdre ses cheveux et sa féminité, mais lorsqu’on a la chance de survivre à cela, on comprend vite que ce n’est pas l’essentiel.

L’essentiel, c’est de continuer à rire, à aimer et à profiter de ses proches.

Depuis Octobre 2019, je ne suis plus la même. Mais mon parcours n’a rien d’exceptionnel. Je suis comme tous ces combattants qui dégustent chaque minute de vie comme une gourmandise. Et si, un jour, le cancer devait me rattraper, je pourrais au moins me dire que j’ai bien vécu et que je ne regrette pas de l’avoir fait.

A vous qui luttez contre le cancer, courage !

A vous qui avez gagné contre le cancer, bravo !

A tous, et à toutes, vivez vite, vivez bien… même sans avoir eu un cancer!

Chantal cadoret

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