En route pour 2023

Une année, c’est un peu comme un livre. Quand il n’est pas bon, on a hâte d’arriver à la fin et de l’oublier. Mais quand il est bon, on n’a pas envie de le finir. On le savoure page par page, on se dit non, pas tout de suite, demain peut-être. Et quand, malgré tout, on arrive à la dernière ligne de la dernière page, on le ferme à regret, on le laisse trainer, encore un peu, à portée de main et de vue, puis on se résout à le ranger dans sa bibliothèque, avant de passer au suivant.

Eh bien, voilà, j’ai résumé cette année 2022. Une année que j’ai du mal à quitter tant elle a été exceptionnelle. Il s’est passé tant d’événements, des magnifiques et des terribles. Mais c’est cela aussi qui donne du piquant à la vie.

Parmi le meilleur, il y a, bien sûr, l’arrivée de mon petit-fils, Diego. Un bout de chou rempli d’amour et de sourires que j’ai accompagné tout au long de l’année, chaque semaine, malgré la fatigue et les aléas de la vie. A ses côtés, j’ai compris que l’amour entre un enfant et son entourage proche, ce n’est pas inné. Ça s’installe, sourire après sourire, caresse après caresse. Aujourd’hui, mon petit cœur a dépassé un an et il ne va pas tarder à me faire courir partout derrière lui. Bref, il devient grand et s’échappe de plus en plus vite de mes bras, mais quand je vais le chercher à la crèche et qu’il me reconnait, il se précipite vers moi avec son beau sourire et ses bras tendus et s’il blottit sa tête au creux de mon cou, alors, là, je fonds, tout simplement.  

Avec lui, je sais que 2023 sera une année sportive et remplie de mille surprises et j’ai hâte de vivre cela.

Parmi le meilleur,  il y a eu, bien sûr, tous ces salons, tous ces kilomètres parcourus, tous ces gens rencontrés dans toute la France. Des retrouvailles avec des anciens élèves, devenus des amis, ou des amis simplement perdus de vue. De nouvelles connaissances aussi, parmi les auteurs que l’on retrouve de ville en ville. En fait, les auteurs, c’est comme une grande famille. Il y a les cousins et les cousines que l’on a plaisir à revoir et avec lesquels, même le salon le plus désert reste une fête. Et puis, il y a le tonton brillant qui sait tout sur tout et qui n’a pas besoin de ça pour vendre ses livres, (mais qui est là quand même), ou le tonton râleur et malpoli qui prouve, au cas où on en douterait, qu’écrire n’est pas forcément synonyme d’intelligence.

Et, bien sûr, la rencontre avec les lecteurs. Ceux qui sont émus par mon histoire et qui versent une larme avec moi, ceux qui m’écoutent avec bienveillance, même si le sujet de mon livre ne leur plait pas, ceux que j’arrive à convaincre, malgré tout, parce qu’ils ne sont pas seulement bienveillants mais également ouverts.  Et puis, malheureusement, il y a ceux qui, quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, ne peuvent s’empêcher de se montrer supérieurs, arrogants, méprisants, voire carrément méchants.

Je n’ai, malheureusement, pas eu que du bon dans ces rencontres. Certaines  m’ont amusée mais d’autres m’ont perforé le cœur, au point de me demander si j’allais encore tenir longtemps.

Ah, ce racisme décomplexé, cette homophobie banalisée.

Je crois que, si vous n’êtes pas concernés par ces sujets, vous ne pouvez pas savoir ce que cela représente. Non, non, « ce n’est pas rentré dans les mœurs », détrompez-vous car être différent, ça pose toujours un problème dans notre société et c’est toujours tellement mieux quand ça se passe chez les autres.

Cela dit, avec l’expérience, mon argumentation est plus pointue et mes ongles sont plus acérés, alors gare à vous si vous touchez un cheveu de mes fils ou de mon petit-fils.

N’oubliez jamais que je suis une mère juive et que c’est très risqué d’énerver une mère juive… si vous voyez ce que je veux dire.

Pour en finir avec les salons, il faut quand même noter ce fabuleux feu d’artifice qu’a été celui du National Arts Club de New York. Plus qu’un salon, c’est un rêve qui a pu se réaliser grâce à Sandrine Mehretz Kukurudz qui dirige avec talent et énergie la plate-forme Rencontre des Auteurs et des Lecteurs Francophones.

Une folie délicieuse que mon fils m’a offerte pour cette fin d’année. Un voyage à New York, en solo, comme j’aime le faire, des rencontres avec des gens fabuleux, auteurs et lecteurs et surtout l’occasion de côtoyer celui qui m’avait servi de cible littéraire tout au long de l’année : Marc Lévy, l’auteur de je ne sais plus combien de millions de livres.

Comment vous dire… oui, si on se déplace à une de ses dédicaces, on peut le voir et peut-être obtenir une photo, mais là, c’est lui qui s’est déplacé pour nous. Sans public, sans télé, sans pub. Il est juste venu, accompagné de son épouse, nous saluer et nous souhaiter bonne chance, avant de se plier avec gentillesse à la séance photo. Et c’était vraiment impressionnant.

Alors, je vous vois venir, vous allez me demander si je vais arrêter de faire la bataille avec lui parce que je l’ai rencontré…

Je ne sais pas…

Mais je crois que je vais essayer de trouver mon fil rouge de 2023, non pas parce que j’ai, enfin, rencontré Marco mais parce que les blagues les plus courtes sont, sans doute, les meilleures….

Finalement, à la force du poignet, j’ai réussi à me faire connaitre jusqu’à recevoir en Novembre un Prix incroyable.

Le Prix du Roman Gay 2022, dans la catégorie récit autobiographique. Une récompense folle pour une année folle.

J’ai souvent entendu les gens dire : Oh les Prix, c’est nul, ça ne sert à rien, on les donne à n’importe qui.

Si, si, beaucoup de gens le disent. Enfin, ceux qui n’en ont pas bien sûr! Parce que, croyez-moi, quand on en a un, eh bien, on en est fier et on a envie de le montrer à tout le monde.

Oui, je suis très fière de ce Prix parce qu’il récompense à la fois mon écriture, mon énergie et toutes les valeurs que je transmets dans ce livre. Grâce à ce joli bandeau rouge, je suis aujourd’hui plus visible, plus « bankable » comme on dit dans le jargon cinématographique et je peux même être exposée en librairie… Bon, pas toutes encore, mais je vais y travailler en 2023…

Alors, merci, merci à tous ceux qui ont cru en moi et qui m’ont aidée à gravir toutes ces marches. Restez près de moi encore en peu, j’ai besoin de vous.

Voilà, je crois avoir fait le tour de toutes les choses merveilleuses de 2022. Reste le seul point négatif de l’année : ce terrible accident qui a failli me coûter la vie en septembre dernier et dont je garde encore des séquelles.

Cet accident m’a rappelé que la vie ne tenait qu’à un fil et qu’il fallait s’en souvenir à chaque instant, surtout quand tout va bien. Je n’ai pas fait de faute de conduite, ce jour-là, il faisait beau et j’étais heureuse de faire découvrir l’Ile de France à mon amie américaine, Ruth, récemment arrivée à Paris.

Je n’ai pas compris d’où venait ce choc qui m’a fait partir en toupie, encore et encore. Je n’ai pas eu le temps de voir défiler ma vie car l’airbag qui s’est gonflé immédiatement m’a empêché de penser et surtout de voir le monde tourner autour de moi. Je crois, qu’en ces minutes-là, je n’attendais qu’une chose c’est d’aller m’écraser, pour que cela s’arrête.

Heureusement, Ruth n’a rien eu.

Heureusement, aucune voiture n’a été percutée.

Heureusement, je n’ai eu que le bras et le nez cassés.

Heureusement, je n’avais pas Diego à l’arrière de ma voiture.

Heureusement je suis en vie.

J’ai repris le volant, j’ai recommencé à parcourir les routes mais pas celle où j’ai eu l’accident. La confiance reviendra doucement quand la mémoire s’affaiblira.

Je sais, encore plus qu’avant, qu’il faut profiter de chaque instant que la vie nous offre, de chaque personne qui compte pour nous.

Je sais, encore plus qu’avant, qu’on n’a pas de temps à perdre en pleurnicheries et en disputes.  

Je sais surtout qu’il ne faut jamais oublier de dire je t’aime aux gens qu’on aime et d’ignorer les autres.

Bonne fin d’année 2022 à tous. Vive 2023!