PARIS AU MOIS D’AOUT – LES VILLAGES DE PARIS

Le mois d’aout est idéal pour sortir des sentiers battus . Moins de circulation, plus de places de parking (attention, il est devenu payant depuis 2019) et un beau ciel bleu sont des arguments de poids pour se perdre dans les villages de Paris.

Ces villages nous rappellent qu’avant de devenir la plus belle capitale du monde, avant le luxe et la mode, Paris était une ville ouvrière. Des carrières et des moulins employaient des centaines d’ouvriers qui étaient logés près de leurs lieux de travail. Pour eux, pas de bâtiments à cause du sol trop meuble, mais des maisonnettes, presque toutes semblables, en briques, avec un petit jardin, pour leurs besoins personnels.

Inutile de vous préciser que les ouvriers se font rares aujourd’hui. Leurs héritiers sont maintenant à la tête d’un joli patrimoine immobilier qui les fait parfois franchir le seuil de la grande fortune, même à leurs dépens ( ou à l’insu de leur plein gré, comme dirait l’autre). Beaucoup de ces habitations ont été revendues et sont réhabilitées à prix d’or.

On ne peut que les envier car vivre dans ces villages, ce n’est pas seulement vivre hors de Paris mais c’est vivre hors du temps.

LE 20ème ARRONDISSEMENT

Commençons par le 20ème arrondissement, avec deux quartiers. La rue des Vignoles est une longue rue de laquelle partent plusieurs impasses bucoliques. Le quartier a encore l’âme ouvrière avec des logements sociaux, parfois bien délabrés, mais il garde un charme fou.

Les impasses et allées ont presque toutes une histoire révélée par leur nom. Parmi elles, la nueve 33, rouge sang, à la gloire des révolutionnaires espagnols, l’impasse Satan qui côtoie l’impasse Dieulefait ou l’impasse Saint Pierre.

Pour une pause, arrêtez-vous aux « Mondes Bohèmes », un bistro avec avec une jolie terrasse verdoyante construite autour d’un arbre.

Dans le 20ème arrondissement, près de la porte de Bagnolet, existe un autre quartier vert, surnommé avec justesse « La campagne à Paris ». Perché sur d’anciennes carrières. A l’époque, c’est une coopérative qui gérait ces petits pavillons et les vendait à de modestes prix aux ouvriers qui le désiraient.

Parce qu’on a vraiment l’impression d’être à la campagne, ce quartier a servi de cadre à bien des films, dont le Petit Nicolas. C’est également ici, au numéro 16 ( portail gris), que le couple Hollande-Gayet a posé son nid. D’après les voisins, on ne les voit pas beaucoup mais on voit leurs poubelles qu’ils ne sortent jamais en temps et en heure. Ne soyez pas déçus, si la façade ne paie pas de mine, l’arrière, bien caché des regards dans la verdure, s’étale sur 3 niveaux avec de superbes terrasses. ( dit le voisin qui m’a renseigné)

LE 19ème ARRONDISSEMENT

LA MOUZAIA

Niché en plein coeur du 19ème, entre la rue David d’Angers et la rue de la Mouzaia, ce quartier est un ensemble de maisons de ville avec jardinets, courettes ou terrasses, construit lui aussi pour les ouvriers les plus modestes des carrières de gypse de la Butte Beauregard.

Avec de bonnes baskets à cause des pavés, et du souffle, parce que ça monte et ça descend sans cesse, vous découvrez un Paris inimaginable et insolite.

Des dizaines de ruelles pavées lézardent au soleil, loin du bruit de la ville et des voitures et on a vraiment du mal à croire que nous sommes dans la capitale, de surcroît dans le 19ème arrondissement.

Aucun itinéraire pour cette promenade. Perdez vous dans ce labyrinthe, montez, descendez, parlez avec les habitants qui travaillent dans leurs jardins et appréciez le calme de la campagne.

Un peu plus loin, derrière les Buttes Chaumont, en remontant la rue Georges Lardennois, vous découvrez un joli quartier populaire et campagnard, si caché que les parisiens eux-mêmes ne le connaissent pas : la Butte Bergeyre.

Ici, de petites maisons, mais aussi des bâtiments de 2 ou 3 étages longent les rues pavées et tranquilles. Quelques jardins privés mais surtout un jardin partagé semblent être un point de rencontre convivial des habitants.

A côté du jardin, une vigne paresse sur une pente et au-delà, droit devant vous, une magnifique vue sur le Sacré-Coeur s’offre à vous.

En redescendant par la même rue, dirigez-vous vers le 93 rue de Crimée. Le dimanche, la grille verte est ouverte et vous tombez sur la plus vieille église russe de Paris, l’église Saint Serge, à l’abri des regards et tellement désuète.

14ème ARRONDISSEMENT

L’ancien village de Plaisance dans le XIVème arrondissement rappelle l’histoire de l’annexion en 1860 des communes périphériques à la ville de Paris. D’une rue à l’autre, les immeubles haussmanniens répondent aux constructions en briques typiques des anciens faubourgs.

Ici et là, subsistent de petites impasses, des passages et des villas rappellent les origines villageoises de ce quartier.

La rue des Thermophyles, bordée de charmantes petites maisons, est l’exemple parfait de ces cités ouvrières devenues aujourd’hui véritable luxe parisien.

13ème ARRONDISSEMENT

le 13ème regorge de villages fleuris. Laissez-vous tenter par le square des Peupliers, qui donne sur l’austère rue Tolbiac. Juste une rue pavée remplie de verdure qui vous fait basculer hors de la ville.

Plus proche du périphérique, vous tomberez sous le charme de la Cité florale, construite en 1928. Ce quartier en forme de triangle et aujourd’hui entouré de bâtiments, est, comme presque tous les autres, interdit au stationnement et à la circulation. Pour y accéder, garez-vous dans les environs, rue Brillat-Savarin ou Place de Rungis.

Dans les environs de la Butte aux Cailles, se cachent trois villages incroyables et bien gardés. Pour les visiter, vous devez montrer patte blanche et user de votre charme pour récupérer les codes d’accès.

La Petite Russie se situe au 22 rue Barrault. Vous traversez le hall de l’immeuble et vous montez l’escalier. C’est sur la terrasse au 3ème étage, que vous découvrez ce village. Oui, oui, vous avez bien lu : un village de pavillons fleuris sur deux rangées.

A l’origine, en 1912, ces pavillons ont été construits pour le compte d’une compagnie de taxis afin d’héberger ses employés, principalement russes. Ainsi, ils logeaint au-dessus du garage dans lequel ils mettaient leurs taxis.

De la terrasse, vous avez une belle vue sur un autre village protégé : la Petite Alsace. L’entrée se trouve au 10 rue Daviel. Si vous avez de la chance, vous tomberez sur une visite organisée, il y en a souvent, et vous pourrez pénétrer avec le groupe ou simplement demander le code au guide. Ne comptez pas le demander aux habitants, ils sont très désagréables et ils ne vous laisseront pas entrer.

40 maisons de ville, à colombages dans un style alsacien, ont été construits en 1912, autour d’une cour centrale rectangulaire pour des ouvriers, bien évidemment.

A quelques minutes de là, au 61 boulevard Arago, se niche un autre village, aussi caché et étonnant que les précédents. Pour y entrer, il vous faudra attendre que quelqu’un sorte ou entre, mais les habitants sont sympathiques et vous laisseront visiter sans rechigner.

Une trentaine d’ateliers d’artistes, construits entre 1878 et 1888, forment un ensemble de bric et de broc, sous une végétation sauvage. Ici, ont vécu Paul Gauguin et Amedeo Modigliani au début du XXème siècle. Aujourd’hui, les artistes, un peu moins connus, y vivent toujours.

Chantal cadoret

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