Les maisons d’écrivains : La Devinière de François Rabelais

En Indre et Loire, à quelques kilomètres de Chinon, se trouve le seul musée consacré à Rabelais. Perdue dans les vignes, cette métairie était la propriété de la famille au XVème siècle et a vu naitre tous les enfants Rabelais, dont François le petit dernier qui a passé ici quelques années de jeunesse avant de faire ses classes dans l’Abbaye de Seuilly, située à « deux portées de fusil » comme on disait à l’époque, entendez par là, environ 600 mètres.

Au cours de la visite, on découvre un homme extrêmement cultivé et assez austère, très loin du personnage principal de son œuvre, le géant Gargantua avec lequel on a tendance à le confondre, à tort. D’abord moine, il devient médecin et écrivain. Si être moine au XVIème siècle n’est pas un gage d’austérité, il n’en reste pas moins que la liberté d’expression, si chère à nos cœurs, n’est pas l’apanage de cette époque, et Rabelais a dû souvent prendre les armes contre la censure et la critique, ce qu’il a fait avec intelligence et humour, notamment à travers son œuvre.

« Amis lecteurs, qui ce livre lisez, despouillez vous de toute affection et, le lisant, ne vous scandalisez : Il ne contient mal ni infection. Vrai est qu’icy peu de perfection, vous apprendrez, si non en cas de rire. Aultre argument ne peut mon coeur eslire, voiant le deuil qui vous mine et consomme: Mieux est de ris que de larmes escrire, pour ce que rire est le propre de l’homme. » ( Préface de Gargantua)

Dans ses écrits, Rabelais prône la joie de vivre dans cette région qu’il présente comme un vrai pays de Cocagne et qui porte aujourd’hui l’appellation de Rabelaisie.

Rire, boire, manger et profiter de la vie sont les leçons de vie que Rabelais, comme beaucoup d’humanistes, veut donner à ses lecteurs.

« Le rire pour l’âme et le vin pour le corps »

Au pays du vin, forcément, on met la Dive bouteille à l’honneur et, à côté du logis de Rabelais, on peut visiter des caves troglodytes, idéales pour la conservation du précieux breuvage.

S’il ne reste rien ou presque du passage de Rabelais à la Devinière, l’exposition est bien faite car elle nous rappelle qu’il est à l’origine d’un grand nombre de jeux de mots ou expressions que l’on penserait bien plus modernes.

 » Mais écrivez ce mot dans votre cervelle avec un stylet de fer, que tout homme marié est en danger d’être cocu. Le cocuage est l’apanage naturel du mariage. »

 » Il vaut mieux pleurer moins et boire davantage « 

 » Retournant à nos moutons  »

 » A l’âge d’homme, il épousa Gargamelle, fille du roi des Parpaillons, un beau brin de fille de bonne trogne, et souvent, tous les deux, ils faisaient ensemble la bête à deux dos, se frottant joyeusement leur lard, tellement qu’elle se trouva grosse d’un beau fils qu’elle porta jusqu’au onzième mois. »

ou encore :

« Faire la bête à deux dos » et « dodeliner », vous auriez parié sur le XVIème siècle, vous?

Quant à « Circumbilivaginer autour du pot »… Même si ça sonne un peu sexiste, c’est tellement plus parlant que « tourner autour du pot », non ?

Après la visite de la Devinière, vous pouvez vous promener dans les vignes jusqu’à l’abbaye de Seuilly, mais cette promenade n’a pour but que de vous dégourdir les jambes et profiter du paysage car il ne reste rien de cette abbaye qui est aujourd’hui un lieu de restauration.

Dans la boutique du musée, j’ai vu un T-shirt qui m’a confortée dans mes intentions de visiter d’autres maisons d’écrivains.

Je vous embarque dans ma galère?

Chantal cadoret

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