MA VIE DE CONFINEE : D Day

Je suis sortie, j’ai vu, j’ai compris.

En ce jour mémorable de déconfinement, je me devais de voir comment la vie avait repris.

Il faut dire que si le gouvernement a complètement cafouillé avec les masques , il a vraiment mis le paquet pour réfréner nos envies de sortie.

Visiblement la collaboration avec Météo France a été plus efficace qu’avec le Conseil Scientifique et ce matin, une belle tempête faisait rage, déversant l’équivalent de 2 mois de pluie sur certaines villes, dont Paris. D’aucuns diront que c’est une coïncidence mais, quand même, mettre en vigilance orange pour la tempête et les inondations l’Ile de France et le Grand Est, régions déjà rouges, le jour précis du déconfinement, cela ne peut pas être un coup du destin, jdis ça, jdis rien, bien sûr.

Donc, les travailleurs ont dû reprendre le chemin du travail et se ré engouffrer dans les métros et les trains, avec masques et capuches. Je n’aurais jamais pensé que, dans notre pays, il deviendrait un jour interdit de voyager à visage découvert.

Les voyageurs ont même eu l’occasion de renouer avec les habituels problèmes de transport. En effet, dès 6 heures ce matin, la ligne 13, la ligne la plus fréquentée, est tombée en panne à cause des inondations.

Du coup, tout le plan bien établi de circulation fluide est, lui, tombé à l’eau. Tout a été mis en œuvre pour réparer et remettre le trafic en route dans les plus brefs délais, mais le virus, lui, n’a probablement pas attendu la rame suivante, et a bien dû en profiter, jdis ça, jdis rien, bien sûr .

Par contre, la fameuse attestation d’employeur , obligatoire pour prendre le métro aux heures de pointe, n’était pas disponible en ligne ce matin. La raison est simple mais inédite : Lorsque cette loi a été proposée au Sénat, l’opposition a demandé au Conseil Constitutionnel de se prononcer sur la valider. Mais c’était samedi dernier et le dimanche, eh bien, les Sages du Conseil Constitutionnel ne siègent pas. Donc, il faudra attendre aujourd’hui pour connaitre le sort de cette attestation.

Eh oui, confinement ou déconfinement, le dimanche, c’est sacré!

Ce matin, la vie a donc repris partout et notamment sur les Champs Élysées, où on a pu voir se promener d’élégantes clientes arborant triomphalement les sacs de shopping des grandes enseignes de Luxe. Comme elles ont dû souffrir pendant ce confinement, les Pauvrettes!

Mais ceux qui font vraiment la une des journaux aujourd’hui et qui affichent complet parfois même depuis minuit, ce sont les coiffeurs. Aller chez le coiffeur à minuit, qui aurait pu imaginer cela, même dans un roman de science-fiction?

Pour le reconfinement ( j’espère que l’on ne va pas ajouter ce mot au dictionnaire, pitié!), le gouvernement a bien compris la leçon : les coiffeurs doivent désormais être considérés comme des « professions essentielles » au même titre que l’étaient les bureaux de tabac.

A propos de tabac, mais aussi d’alcool et autres denrées détaxées, les français se sont levés tôt pour se ruer vers les boutiques de la frontière espagnole au Perthus. Excédés d’avoir dû payer le prix fort pendant 56 jours, ils se sont amassés dans les rues de la ville, se moquant bien des distances de sécurité. Aïe, Aïe ! Et le virus a dû bien en profiter!

Moi aussi, j’ai décidé que la vie devait reprendre son cours normal.

Déjà, hier soir, comme tous les dimanches soirs à 18h, je suis allée au Théâtre : Twitch, Direct impro, Théâtral Suspects. Les comédiens, qui n’ont pas attendu Macron pour enfourcher le tigre, donnent gratuitement de leurs personnes pour nous offrir une heure d’improvisation confinée.

Me laissant emporter par le flux de la vie, je suis même allée au Restaurant. D’accord, la vente à emporter, ce n’est pas ce que je préfère, mais les restaurateurs ont besoin de nous et nous, nous avons aussi besoin d’eux, pour changer un peu nos habitudes.

Et puis, je suis partie à la découverte du monde.

Et dire que j’ai, un jour, pleuré de voir les routes vides de voitures. L’état de manque psychologique nous fait vraiment fantasmer. J’espère sincèrement que les daims que nous avions aperçus à Boissy Saint Léger n’ont pas pris l’habitude de déambuler sur la Nationale, parce que là, ça va leur faire tout drôle.

Revoilà donc les embouteillages, les concerts de klaxons et les incivilités des chauffeurs masqués et exacerbés par deux mois de privation. Revoilà les files d’attente pour accéder au centre commercial et à la station essence, et revoilà les parkings bondés.

Je sais que tout le monde a besoin de bouger et de consommer. Je sais que l’économie doit se remettre en marche, mais ce que j’ai vu ce matin m’a donné l’impression d’avoir perdu 2 mois de ma vie. Tout est exactement revenu tel que nous l’avions laissé, comme si la vie s’était juste mise sur pause et qu’il suffisait de ré appuyer sur un bouton pour que tout se remette en route. C’est une impression très bizarre qui fait presque peur, comme si nous avions rêvé toute cette période.

On a maintenant 14 jours pour profiter de notre liberté revenue et 14 jours pour voir si la courbe des hospitalisations et des morts repart à la hausse. Je croise les doigts pour que le virus soit rassasié et qu’il s’en aille, au moins jusqu’à l’année prochaine.

En attendant, et comme prévu, ce journal s’arrête ici. Pendant 56 jours, il m’a portée et aidée dans bien des moments de déprime et de solitude.

Durant toute ma carrière de prof, j’ai essayé de donner à mes élèves le goût de lire et d’écrire en leur expliquant à quel point c’était un moyen de s’évader du carcan de nos vies, sans avoir jamais eu l’occasion de l’ appliquer moi-même.

Voilà, c’est chose faite, la boucle est bouclée.

De ce journal de Bord est né un livre : Jdis ça, jdis rien. vous trouverez ce livre sur Amazon, Fnac.com et en commande chez votre libraire.

Bien sûr, il est en commande chez mon éditeur BOD

https://www.bod.fr/librairie/jdis-ca-jdis-rien-chantal-cadoret-9782322205288

Chantal cadoret

4 réflexions sur « MA VIE DE CONFINEE : D Day »

  1. C est avec un petit pincement au cœur que je lis ta dernière chronique… Et que je te remercie à nouveau d avoir « Nourri » les soirées de confinement.
    Ce n est qu un au revoir ma copine on se revoit vite dans la vraie vie !!! 😉

  2. Article vivant et agreable a lire. Donne un bon resume de ce jour de deconfinement, avec les sentiments qu’il inspire a un temoin qui n’est pas un simple spectateur passif. merci pour ce partage, et felicitations!

Laisser un commentaire

Revenir en haut de page