EN ROUTE POUR CUBA

Qui n’a pas rêvé de Cuba ? Ses plages, bien sûr, mais aussi son histoire, partout présente, sa musique à tous les coins de rue, sans oublier ses cigares et son rhum!

Nous sommes partis en avril. Si vous pouvez éviter les vacances scolaires, vous trouverez des vols aux alentours de 500 euros, en vol direct par Air France et vous ne serez pas (enfin pas trop) bousculés par les hordes de touristes. Le temps y est doux, pas trop chaud,donc idéal pour les visites.

Nous n’avons pas parcouru toute l’ile, malheureusement. Mais nous avons bien exploité ces 15 jours pour découvrir quelques lieux mémorables et profiter un peu des eaux émeraudes et des plages de sable blanc. Si vous voulez aller jusqu’à Santiago, prévoyez une semaine de plus.

LA HAVANE

La Havane est notre première étape. Nous y sommes restés 3 nuits, un minimum à mon avis, pour bien s’imprégner de l’ambiance de la capitale. Tous nos hébergements ont été réservés sur airbnb. J’ai choisi, dans la mesure du possible, des personnes parlant, au mieux, français, et au pire, anglais, car je ne parle pas un mot d’espagnol. Ce sont donc ce que l’on appelle des « casas particulares ». Attention, n’oublions pas que Cuba est et reste communiste : tout y est règlementé, contrôlé. Les habitants qui louent leurs chambres déclarent tout à l’état, y compris les petits déjeuners que vous prendrez chez eux ( en théorie, bien sûr).

Louer chez l’habitant est vraiment un excellent moyen de s’immerger dans le pays, de discuter librement avec les locaux, de la vie et de la politique à Cuba. A l’abri dans leurs maisons, ils se laissent facilement aller à des confidences sur leurs difficultés et sur leurs doutes quant à la politique de leurs dirigeants. Cependant, il ne faut pas non plus se leurrer, ils font partie des privilégiés car les revenus qu’ils tirent du tourisme sont largement supérieurs au revenu moyen sur l’île.

En discutant avec les uns et les autres, vous serez étonnés de découvrir leurs parcours professionnels. Un chauffeur de taxi, qui est diplômé en aéronautique, Elena, à La Havane, qui a abandonné son travail d’avocate, moins rentable que ses locations, Juan Enrique, à Matanzas, qui, après avoir été, lui aussi ingénieur en aéronautique, s’est reconverti en concierge dans un hôtel de Varadero, et tant d’autres encore qui peuvent aligner plus de diplômes que la majorité d’entre nous.

Cela n’a rien d’étonnant car, à Cuba, l’éducation est sacrée ( et gratuite), de même que la santé. C’est déjà beaucoup. Pour le reste… eh bien, jetez un oeil dans un magasin d’état aux étagères vides ( les cubains ont encore des tickets d’alimentation) , et baladez-vous hors des rues touristiques.. en veillant, cependant, à ce qu’aucun balcon ne s’effondre pas sur votre tête, et vous comprendrez vite le niveau de pauvreté de cette ile.

Revenons donc à La Havane. Nous avons loué chez Elena dans le quartier « Vedado »( hostal Casa Tarajano). C’est un peu loin du centre mais c’est un quartier très agréable, proche du grand hôtel National qui domine la ville. Ne manquez surtout pas d’y aller boire l’apéro, sur la terrasse, au coucher du soleil, c’est un vrai régal. Autour de la location, il y a de petits restaurants animés tous les soirs par des orchestres cubains. C’est très appréciable après une journée chargée en visites.

Elena est de bon conseil et, comme tous les logeurs, a son propre réseau. Vous serez donc, si vous le désirez, mis en contact avec un guide qui vous fera découvrir la ville, son histoire et ses principales curiosités et/ou un chauffeur pour votre prochaine destination. Détail qui n’est pas anodin dans ce pays où internet se diffuse au compte-goutte ( je vous laisse en découvrir les charmes par vous-mêmes), elle vous propose une connexion gratuite… quand c’est possible. Enfin, elle vous régale avec un excellent petit déjeuner ( 5 euros comme tous les petits déjeuners de votre séjour), bien agréable pour commencer la journée.

N’hésitez surtout pas à vous perdre dans la ville, à flâner dans des ruelles qui vous paraitront parfois insalubres ( et qui le sont), à traverser pour voir La Havane depuis le Fort, résidence du Ché, à prendre un billet pour une visite guidée de la fabrique nationale de cigares ( à l’hôtel National, au bureau touristique) et bien sûr, à faire une balade en voiture américaine. D’ailleurs, pour parler de ces voitures, fierté des cubains, n’hésitez pas, pour vos déplacements dans la ville, à les préférer aux simples taxis. Ce n’est pas plus cher et tellement plus « kiffant ».

VINALES

Pour rejoindre Vinales, Elena nous a organisé un taxi collectivo. Il s’agit d’un taxi que vous partagerez avec d’autres personnes, et donc, qui vous coûtera moins cher qu’un taxi particulier. Ne vous attendez pas à la clim ni au confort. Vous serez tassés les uns sur les autres et mieux vaut ne pas avoir beaucoup de bagages, mais bon, c’est, à mon avis, plus pratique que le bus ( moins cher, plus confortable et climatisé), car on vient vous chercher en bas de chez vous et on vous amène à destination. Et ça… j’achète!

La vallée de Vinales, à l’ouest de l’île, est inscrite au patrimoine de l’Unesco depuis 1999. La végétation, la culture traditionnelle du tabac et les mogotes, buttes de calcaire au sommet arrondi, pouvant atteindre 300 mètres d’altitude, en font une étape incontournable de tout voyage à Cuba.

Vinales est la seule ville de la vallée. Elle tient en une rue principale, bordée de maisons colorées, de bars, de restaurants et de boutiques de souvenirs. Le soir, elle s’anime avec des orchestres et des marchés nocturnes. Attention toutefois à la tentation, car le punch est à moins de 1 euro. Vous pourrez également déguster, à moindre coût, de magnifiques Daïquiris, boisson préférée d’Hemingway, mais gardez en mémoire tout de même que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé !

Pas de problèmes pour se loger à Vinales. Presque toutes les maisons, colorées, avec leurs terrasses et leurs rocking-chair assorties, affichent une chambre ( au moins) à louer. Nous avons loué chez Daily, dans une rue transversale, donc plus calme que la rue centrale. C’est une jeune femme dynamique, parlant parfaitement français et travaillant au seul musée de la ville. Elle nous a laissés sous la garde de ses parents et le séjour s’est très bien passé, avec un petit déjeuner très copieux . Nous avons testé notre premier diner chez l’habitant, chez sa tante, dans la maison d’en face. C’était très bon et extrêmement copieux. Pour être totalement honnête, je dois mettre un petit bémol, car j’ai conseillé cette location à une amie qui n’a pas eu la même chance que moi et s’est retrouvée ailleurs, chez une tante ou une cousine, proche… d’une étable à cochons. Je vous laisse donc libre de suivre votre instinct, mais encore une fois, n’ayez aucune crainte, même si vous débarquez sans avoir réservé, vous trouverez facilement la casa de vos rêves.

Revenons à Daily. Elle nous a gentiment conseillés sur les activités de la région, réservé une visite de la vallée, à pied, mais vous pouvez aussi la faire à cheval, avec un guide privé et, précieuse aide, fourni plusieurs cartes pour se connecter au wifi, excellent dans sa maison.

Lors de la balade vers les mogotes, vous vous arrêtez dans une plantation de tabac. On vous fait découvrir la culture traditionnelle du tabac et du café, et on vous initie à la fabrique artisanale des cigares ( totalement différente de la fabrique d’état de La Havane). Bien sûr, après vous avoir fait fumer un bon cigare, on vous proposera d’en acheter. Ils sont beaucoup moins chers qu’en boutique et même s’ils sont moins luxueux, ça reste un cadeau typique à ramener. Petit détail, cependant : cette vente se fait « de la mano à la mano » comme on dit là-bas. Et si on pose la question du droit aux paysans, ils vous répondront qu’ils vendent 100% de leurs récoltes à l’état, tout en en gardant 10% pour leur consommation personnelle…. A méditer, donc!

Pour en finir avec les activités, , les guides vous conseillent d’aller voir le Mural de la Prehistoria ( première photo). Attention, arnaque! Ce mur n’a absolument rien de préhistorique. Il a été commandé par Castro en 1960 pour représenter l’évolution de l’ile de Cuba. L’entrée est très chère, alors, faites comme moi, allez-y en taxi et restez à l’extérieur : c’est gratuit et vous aurez votre photo!

Mises à part la vallée et ses balades, vous pouvez également passer une journée sur un « cayo », une petite ile paradisiaque au sable blanc et à la mer émeraude. Ce n’est vraiment pas un impératif car il y en a d’autres bien plus jolis sur l’île, mais ça fait du bien de se reposer un peu et de se baigner sans une mer chaude et transparente.

TRINIDAD

Ah, Trinidad! Cette ville est un bijou, avec ses rues pavées, ses maisons coloniales colorées, son marché de la dentelle, ses galeries d’art, ses chevaux, ses ânes… Evidemment, et à juste titre, elle est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Beaucoup de touristes se pressent ici, mais curieusement, on peut se promener dans des rues totalement désertes sauf, bien sûr, sur la Plaza Mayor, et surtout le soir, quand tout le monde essaie de se connecter au wifi public ( une véritable expérience cubaine).

Nous avions choisi, sans le faire exprès, évidemment, une location dans un quartier délabré et difficilement accessible en taxi. Il s’agit de l’hostal El Pucho 2. Contrairement à ce qui était indiqué, personne ne parlait français et très peu anglais. Il a donc été très compliqué de se faire comprendre.

Si vous avez envie de sortir un peu des sentiers battus, si vous n’avez pas peur de grimper la nuit dans des rues sombres, bordées de maisons délabrées et si vous parlez espagnol, alors ce logement est fait pour vous. D’autant que la chambre est grande et climatisée, et que la terrasse est juste fabuleuse. Siroter un moijito, le soir, en attendant le coucher de soleil, en discutant avec d’autres locataires, est un véritable plaisir. Par contre, le petit déjeuner est frugal et la langouste très décevante.

Trinidad se prélasse entre montagne et mer. Vous pourrez donc en profiter pour sortir de la ville et vous rafraichir un peu. Nous avons choisi de passer une journée dans le parc naturel Topes de Collantes. En fait, pour tout vous dire, nous devions visiter une petite cascade, facile d’accès, adaptée à mon niveau de marche. Tout avait été organisé par notre logeur. Un taxi est venu nous chercher, tôt le matin. Il devait nous conduire à la cascade et plus, si affinité. Seulement voilà…. Le chauffeur ne parlait que l’espagnol et il s’est trompé ( intentionnellement ou non?) de cascade… La fameuse Topes de Collantes…fameuse peut-être, mais terrible, certainement. Mon coeur a bien failli y rester. Ca grimpe dur, ça descend raide, ça glisse, et ce soleil qui tape comme en enfer… Au bout de quelques heures, enfin, vous trouvez la cascade verte et fraiche… oui, c’est sympa, mais franchement, j’étais tellement épuisée, tellement énervée de devoir refaire le tout en sens inverse que je ne me suis même pas baignée! Et lorsque, beaucoup plus tard, le chauffeur nous a proposé un petit treck dans la vallée, j’ai bien cru que j’allais le poignarder! HOME, CASA… NOW.. Bon, avec le recul, c’est vraiment joli et si vous n’êtes pas aussi « chochotte » que moi, faites le sans hésiter!

VARADERO

Bien sûr, nous aurions dû faire un arrêt à Cienfuegos, pour marcher sur les traces des rebelles, et bien sûr, nous aurions dû aller à Santiago. Mais bon, voilà, dans chaque voyage, il faut faire des choix et nous avions envie de profiter de quelques jours de farniente sur le sable blanc et dans les eaux émeraudes de Varadero.

Nous avions réservé chez Sonia, à la Casa Torres, une chambre, un peu plus chère que les autres ( dans les 40 euros). Ce choix était juste parfait. Sonia propose deux chambres à la location et ses petits déjeuners sont fabuleux. Nous avons diné chez elle aussi et c’était divin. Sonia emploie toute sa famille pour vous servir, de ses grands-parents à ses filles, en passant par ses nièces. La maison est vraiment proche de la mer et de la ville. Soit vous vous posez sur le sable blanc, sous les palmiers, soit vous allez jusqu’au club Les Dauphins et vous louez votre transat pour la journée ou l’après-midi, ce que nous avons fait. Et c’était un régal, comme sur les cartes postales.

A part la plage, la ville n’a absolument aucun intérêt. Vous trouverez des marchés touristiques, environ tous les 200 mètres. C’est pratique pour faire les derniers achats et ce n’est pas plus cher qu’ailleurs, si vous négociez un peu. Vraiment, si un jour il vous vient l’envie de vous offrir 15 jours à Varadero, en club, résistez, résistez! Cela n’en vaut pas la peine. Vous seriez coincés dans cette ville sans âme ( et sans animations, ce qui est normal car tous les clubs proposent les leurs), cela vous coûterait très cher et, même si Varadero est à Cuba, Cuba n’est pas seulement Varadero..

Comme tous les touristes , eh oui, il faut parfois se plier au groupe, nous avons réservé une journée au Cayo Blanco, une île que vous rejoignez en catamaran. Soyons honnête, il y a 4 catamarans qui arrivent sur l’île en même temps et ça fait vraiment colonie de vacances, mais bon, si on arrive en premier, si on s’éloigne un peu, si on se dépêche pour prendre un parasol et enfin, si on attend un peu pour déjeuner, alors on peut s’imaginer être, l’espace de quelques instants, sur une île déserte. Le retour se fait dans la joie et la bonne humeur, le rhum ayant coulé à flot toute la journée. En fin de compte, même si c’est un peu cher, la journée reste sympa et la langouste délicieuse.

MATANZAS : DEUX JOURS DE PLUS GRACE A AIR FRANCE

Notre séjour à Cuba tombait en pleine crise sociale d’Air France. Donc, pour éviter l’incertitude, l’attente voire l’annulation, nous avons accepté l’offre de la compagnie de modifier gratuitement notre date de retour. Pour les deux derniers jours, nous avons choisi de séjourner dans un endroit plus typique, à Matanzas, un village de pêcheurs, à quelques kilomètres de Varadero. Ici, les plages sont plus populaires et vous croiserez des locaux qui viennent se détendre après leur journée de travail. Mais, je vous rassure, la mer est aussi belle qu’à Varadero. A quelques mètres de la maison, se trouve une autre plage où vous pouvez assister à de fabuleux couchers de soleil.

Chez Juan Enrique, les chambres se situent sur la terrasse. Cette location, encore plus chère ( environ 50 euros), propose un jacuzzi en plein air.Nous étions les seuls locataires et nous avons pu profiter pleinement, de la terrasse, pour les repas ou simplement pour lire ou discuter, et bien sûr, du jacuzzi que Juan a bien voulu remplir pour moi. Le luxe absolu.

Juan parle un peu français mais surtout anglais. Il répond volontiers à toutes nos questions sur la politique et le fonctionnement de l’île. Pour le diner que sa femme nous a préparé, il a invité une de ses nièces, une étudiante parlant couramment français, et nous avons passé un très agréable moment, avec encore plus d’informations sur, notamment, le système scolaire en vigueur dans ce pays.

Il nous a aussi organisé un taxi privé pour passer la journée à faire du snorkeling et découvrir les fameuses cénotes, magnifiques grottes à l’eau glacée. Deux options se présentaient à nous pour le snorkeling : la première, encadrés par des moniteurs, avec des dizaines de touristes, et la deuxième, seuls sur une plage déserte, sous un parasol en feuilles de palmier, avec, en guise de restaurant, un amas de ruines.

Evidemment, nous avons choisi la solitude. Le restaurant a, en fait, été détruit par le dernier ouragan, mais il continue à fonctionner et vous pouvez déguster de bons poissons grillés ou une noix de coco remplie de pina colada, avec ou sans alccol. On vous loue aussi des palmes, un masque et un tuba, et surtout, on vous fiche la paix pour la journée. Que demander de plus? Vous avez vraiment l’impression de vous trouver seuls au monde et les eaux sont juste merveilleuses. Pour se rafraichir, en fin d’après-midi, le chauffeur nous conduit dans une cénote… un vrai régal.

Le jour du départ a fini par arriver, hélas. Un conseil : avant de vous rendre à l’aéroport, prévoyez un petit en-cas. Même s’il s’agit d’un aéroport international, il est très difficile de trouver quelque chose de solide à se mettre sous la dent. Le seul point de restauration rapide a été très vite assiégé et vidé, et aucune possibilité d’acheter le moindre paquet de gâteaux. Notre avion avait du retard et nous sommes restés quelques heures en espérant voir un quelconque ravitaillement. En vain. Le bon côté des choses c’est que, pour la première fois, on a vraiment apprécié le plateau repas d’Air France! Cette mésaventure, sans être grave, nous a attristés car cela nous faisait, une fois de plus, toucher du doigt le côté misérable de cette île.

Enfin, si mon récit vous a donné envie de vous lancer, vous aussi, dans cette aventure, pensez à emporter avec vous, en plus des rituelles fournitures scolaires, du savon, du gel douche et/ou du shampoing. Vous ferez des heureux.

Chantal cadoret

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