Mes amis, Chantal et Jean-Claude, m’ont gentiment invitée dans leur jolie maison de Bretagne, à Plénée-Jugon. Même si j’ai toujours entendu les irréductibles défenseurs de la Bretagne vanter les mérites et le beau temps de cette région , j’ai tenu à parer à toute éventualité et c’est, équipée de mon ciré jaune – breton, d’ailleurs- que j’ai pris la route.
2020 est décidément une année extra-ordinaire pour différentes raisons. D’une part, neuf mois après son apparition en France ( à quelques semaines près), le virus est toujours vivant et si lui, ne se prive pas de circuler librement à travers le monde, nous, nous sommes toujours consignés à l’intérieur de nos frontières, et d’autre part, réchauffement de la planète oblige, le mois de septembre offre des températures battant tous les records et, en l’absence de touristes étrangers, devient sans conteste, le mois le plus agréable de l’année. C’est donc sous un soleil éclatant que j’ai pu profiter des plaisirs de cette région.
Faire 450 kilomètres en voiture, sur autoroute et voies rapides n’est pas vraiment « ma tasse de thé ». La route est monotone et, seule dans ma voiture, je m’ennuie et je peux m’endormir à tout moment, ce qui n’est pas très conseillé. J’ai donc décidé que la route faisant partie intégrante des vacances, il fallait l’égayer un peu par des arrêts plus captivants que les Starbucks et autres points de restauration rapide des stations d’autoroute.
Mon premier arrêt s’est donc fait au Mans. Parce que cette ville est trop proche de paris, on ne songe jamais à y faire une escale, et c’est un tort. Sur Airbnb, j’ai trouvé Marie-Christine qui vous reçoit dans la chambre d’amis du premier étage et, en plus de vous régaler avec un petit déjeuner abondant, vous donne plein de conseils pour visiter cette jolie ville, le tout pour 35 euros la nuit.
Le Mans, appelée cité Plantagenet, est chargée d’histoire. Ville médiévale très bien conservée, elle sert de lieu de tournage de nombreux films dont Cyrano de Bergerac ou Le Bossu. Avec ses rues pavées tortueuses, ses traverses étroites et obscures, c’est, parait-il le décor qui se rapproche le plus du Paris du Moyen-Age.
Son enceinte gallo-romaine du IIIème siècle est l’une des mieux conservées sur environ 500 mètres et présente des très belles ornementations géométriques et colorées. Elle est en cours de classement au Patrimoine Mondial Unesco.
Quant à la cathédrale Saint julien, elle est l’un des plus grands édifices de l’époque gothique-romane de France et un cas unique dans l’Ouest.
Pour couronner le tout, Le Mans s’illumine de tous ses feux lors de la Nuit des Chimères. Cette année, c’est Saint-Exupéry, un enfant de la ville, qui était à l’honneur sur le mur d’enceinte. Pour profiter de ce spectacle, un petit train touristique vous emmène à travers la vieille ville, particulièrement déserte, en cette période de l’année. A ne louper sous aucun prétexte!
On ne peut quitter Le Mans sans faire un crochet par l’Abbaye Royale de l’Epau, fondée par le reine Bérengère de Navarre en 1230, aujourd’hui propriété du conseil général de la Sarthe. Déserte, comme bon nombre de monuments, elle vous offre une très agréable promenade.
Avant de reprendre la route de la Bretagne, à quelques kilomètres du Mans, j’ai fait un arrêt à l’abbaye de Solesmes, haut lieu du chant grégorien. Ici, vivent des moines bénédictins qui cherchent Dieu dans le recueillement et le silence. On ne peut pas la visiter mais, si le cœur vous en dit, vous pouvez y faire une retraite silencieuse ou, plus simplement, assister à un office.
Et me voici enfin en Bretagne! Vite, je veux voir la mer, elle me manque tellement! Arrêt dans la commune de Pléneuf, en guise de mise en bouche.
Direction le cap d’Erquy. Face aux iles anglaises, en traversant une lande recouverte de bruyère mauve, vous découvrez les falaises de grès roses surplombant une mer vert émeraude qui n’a vraiment rien à envier à celle des Caraïbes.
Le lendemain, direction le cap Fréhel, au relief tourmenté qui sépare à l’est la baie de Saint-Brieuc de la Baie de Saint-Malo, sur la côte de la Manche. Les falaises de plus de 70 mètres offrent l’une des plus belles vues de la Bretagne. Ce site d’exception, battu par les vents, et surveillé par un phare du même nom, haut de 103 mètres, abrite des centaines d’oiseaux nicheurs. Au bout du monde, galvanisé par cette nature sauvage, vous aurez beaucoup de mal à reprendre le chemin du retour.
Cette parenthèse bretonne a fait tomber tous mes préjugés : oui, il peut faire très beau en Bretagne, et même, deux jours d’affilée et mon beau ciré jaune est resté sagement dans ma valise.
Blague à part, j’ai adoré cette escapade maritime, ces paysages majestueux et sauvages, cet air frais et vivifiant et ce soleil si éblouissant. C’est sûr, je reviendrai car il y a encore tant de choses à voir dans cette région.